mardi 23 juin 2015

Les Sixties : un rendez-vous raté !

A l’avènement des sixties et en particulier de mai 68 ,on avait cru qu’une forme de libération aurait été possible, une émancipation des deux sexes aurait été même réalisable, car à mon sens ,en se libérant la femme peut libérer aussi l’homme de ce rôle de macho viril qui pèse autant et aux femmes et aux hommes eux-mêmes, qui se trouvent cantonner à ne pas laisser voir leur sensibilité féminine ou cette fragilité inhérente à tout être humain qui s’estime humainement sensible et à l’écoute de ses propres émotions.

La Beat Generation a carrément mis à nu toute cette hypocrisie propre au conservatisme puritain en faisant exploser toutes les barrières du non dit, l’anti héros américain est né en écartant de son chemin un héros infaillible et émotionnellement suicidaire car tel un automate, il n’a jamais cessé de reproduire que ce qu’on attendait de lui. Mais la Beat Generation était aussi misogyne que l’avaient été ses prédécesseurs: Neal Cassady et Jack Kerouac étaient alcooliques, misogynes, coureurs de jupons et ils se sont tués à cause de l'abus de substances. Les Beats auraient pu inverser la donne quant à la vision qu’on peut avoir de la femme mais un écorché vif ne peut se prétendre le partenaire de la femme à égalité, ce n’était certainement pas le propos des Beats...












Par ailleurs, nul ne doute que le Nouveau Roman a bien précédé la Nouvelle Vague ,l’éclatement au niveau de l’écrit, le chamboulement des critères narratifs reposant sur l’intrigue et le personnage ne sont plus exploités comme vecteurs essentiels au parachèvement de l’histoire. Et on voit une influence kafkaïenne devancière de toute cette remise en question de la façon de concevoir l’utilité romanesque : à savoir l’art du roman se doit avant tout d’être conscient des objets et des gestes : “dans les constructions romanesques futures, gestes et objets seront là avant d’être quelque chose”, affirme Robbe-Grillet, ainsi la littérature s’est nourrie du cinéma, notamment de l’école russe et de l’expressionisme allemand…etc.

Mais que ce soit en littérature, qu’au cinéma rien n’a été changé concernant l’image de la femme, il est vrai que l’image de cette dernière est plus sujette à la nuance mais sur les faits le rôle de la femme reste amoindri dans l’effectif narratif et ses connotations prévisibles ; à titre d’exemple, on peut se pencher sur les films de la Nouvelle Vague et relever l’ambivalence et cette ambiguïté attribuée à la plupart de ces personnages féminins. Pourquoi s’interroger sur cette école et pas une autre car il nous a semblé qu’il est absurde de faire exploser tous les clichés sauf ceux concernant les femmes qui demeurent des adjuvantes du personnage masculin donc « auxiliantes » plus que protagonistes ,exception faite pour Agnès Varda , Margueritte Duras et Resnais qui ont mis en scène des personnages féminins qui étaient des vraies « actantes » de leur propre histoire .

Il est à noter, par ailleurs, que la constante de la femme comme objet du désir et du soupçon de la dite femme fatale mais à la sauce des sixties était d’usage, l’exemple le plus probant à notre sens est celui d’ « A bout de souffle » de Godard où le personnage féminin interprété par la jeune et non moins talentueuse Jean Seberg.

En effet, malgré sa culture notoire qu’on qualifierai même de précieuse, Patricia demeure hésitante inconstante dans ses désirs et dans ses actes face au protagoniste masculin(Jean-Paul Belmondo :Michel Poiccard) qui au final , admettons le, la courtise inlassablement. On les retrouve dans la chambre d’hôtel :elle le gifle pour un baiser mais elle lui prête ses fesses pour qu’il les caresse sans état d’âme : l’oxymoron est au niveau de la séquence filmée et au niveau même des attributions psychologiques du personnage en tant que tel !Qu’on déjoue tous les clichés au niveau du langage cinématographique c’est compréhensible !Qu’on fait du cliché une constante chez les figures féminines tout en déjouant tous les autres poncifs ne peut que soulever notre questionnement quant à la portée d’une telle certitude vis-à-vis de l’actant féminin !

A l’heure actuelle et après tout ce chemin parcouru à l’échelle universelle, on a la certitude que l’ère est à la régression dans certaines régions du monde et même dans les contrées se proclamant comme modernes et avancées ,car même si le cinéma y contribue par certains films d’auteur à redresser la barre ,on n’a pas encore pu se défaire de la médiocrité à l’échelle commerciale, il faut dire que la contribution de la publicité y est pour beaucoup ,les canons imposés par le monde de la mode et le marketing ont formatés les nouvelles générations depuis l’enfance.Et la femme reste malheureusement un produit comme un autre qui sert dans la majorité des cas comme un appas pour les plus primitifs d’entre nous. En revanche, on demeure convaincu que si le propos est prenant et qu’un univers y est installé, même dans un film qui est considéré commercial qui fait des entrées à l’échelle d’un blockbuster,rien ne peut ôter la valeur artistique intrinsèque à l’esprit qui l’a conçu ,et on pense même que là réside une forme d’intelligence qui peut allier les deux :à savoir le gain et la contribution à déjouer le système même en étant dedans !



Faut-il encore rappeler qu’il va de l’avenir de l’homme que de donner aux femmes ce qui leur est du :une reconnaissance de leur statut en tant qu’être pensant et autonome et qui n’est ni fragile ,ni inconstant et surtout qu’il n’a jamais été différent des hommes car les aspirations de chaque être humain sont uniques et ne coïncident nullement à ce qu’on attribue à son genre dans le cadre obsolète des lieux communs.

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